un bon roman, du chocolat et du the...bonne annee!
Avec un peu de chance, la carte de voeux familiale sera prete a la fin du mois, comme chaque annee. Alors en attendant, je commence cette annee avec un conseil litteraire. Pendant que noah et marius visitent la maison d'Anne Frank, que tristouille roupille, j'ai fini de lire La physique des catastrophes, en mangeant la moitie de la tablette de chocolat au lait et noisettes Cote d'Or. Un livre genlal, incroyable, passionnant. Le premier roman d'une Americaine de 27 ans.
*L'histoire : La narratrice a 16 ans, se prenomme Bleue, et depuis la mort de sa mere dans un accident de voiture, vit avec son pere, un universitaire brillant, spirituel et tres atypique. Ils entretiennent une relation fusionnelle, exclusive, faite de tendresse, de respect et d'admiration mutuelle. Ils partagent une passion pour la litterature, l'histoire et la politique. Ils menent une vie de nomade, ne passant jamais plus de trois mois dans la meme ville. Sauf pour cette nouvelle annee ou le pere decide de poser leurs bagages a Stockton le temps d'une annee scolaire. Une annee qui va changer la vie de Bleue. Elle va integrer un etrange groupe d'etudiants, baptise Sang Bleu, qui entretient des liens etroits avec la tres belle et mysterieuse Hannah Schneider, une enseignante en cinema.
*Les trois premieres phrases :
"Papa disait toujours qu'il faut une sublime excuse pour ecrire l'histoire de sa vie avec l'espoir d'etre lu.
'A moins que ton nom ne soit comparable a ceux de Mozart, Matisse, Churchill, Che Guevara ou Bond -James Bond-, il vaut mieux que tu consacres ton temps libre a peindre avec tes doigts ou a pratiquer le palet, car personne, mis a part ta pauvre mere aux bras flasques et aux cheveux reches qui te couve d'un regard tendre comme du veau, ne voudra ecouter le recit de ta pitoyable existence, laquelle s'achevera sans doute comme elle a commence-dans un rale.'
Avec des criteres aussi stricts, j'etais persuadee que je ne trouverais de toutes facons pas ma sublime excuse avant d'avoir au moins soixante-dix ans, lorsque je serais pleine de tavelures et de rhumatismes, mais dotee d'un esprit aussi tranchant qu'un couteau de boucher, d'un mas provencal a Avignon (ou je pourrai me delecter de 365 fromages differents), d'un amant de vingt ans plus jeune qui travaillerait aux champs (des champs de quoi, je l'ignore, sans doute une plante doree et vaporeuse) et, peut-etre, d'un petit succes a mon actif en sciences ou philosophie.
*ce que j'ai aime :
Lire un livre qui ne ressemble, de pres ou de loin, a aucun autre. Un style incroyable qui repose -en partie- sur l'art de la comparaison. Des comparaisons completement farfelues et droles, qui pleuvent a chaque page. Ce systematisme, apres 610 pages, pourrait agacer, mais non, on s'en delecte jusqu'a la derniere page. De meme, les centaines de references litteraires (titre le l'ouvrage, nom de l'auteur, numero de la page d'ou est extraite a citation) qui pourraient etre pompeuses et tres ennuyeuses passent comme une lettre a la poste. Ajoutons a cela une heroine intriguante, intelligente, attachante. Un suicide qui ressemble a un meurtre. Des histoires d'amour-souvent a sens unique- et d'amitie. Des trahisons.
Il faut un peu s'accrocher au debut et avoir du temps devant soi mais ensuite, quel regal. Un brillant exercice de style au service de personnages incroyables et d'un suspens ultra efficace.
La physique des catastrophes, de Marisha Pessl (ed. Gallimard), sortie en Folio prevue le 15 janvier.