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les tartines de sidonie (à paris et ailleurs)
1 septembre 2010

le tigre blanc

P1030225



Acheté un peu au hasard, car j'adore la littérature indienne et voilà longtemps que je n'en avais pas lue. Et puis, ce "Loué, vraiment, soit ce petit chef-d'œuvre…" (Philippe Trétiak, Elle) inscrit sur la quatrième de couverture m'a intriguée.
Je ne parlerais pas de chef-d'œuvre, mais d'un roman instructif et fascinant pour qui s'intéresse à l'Inde et au fonctionnement de sa société. Le narrateur est issu des "Ténèbres", le monde des très pauvres. Il a grandi dans un village misérable, où de riches propriétaires terriens exploitent à mort les paysans. Ceux qui sont censés les protéger, de l'instituteur, à la police en passant par les médecins, sont corrompus et n'assurent pas leur mission. Une mère morte il y a longtemps,  un père rickshaw décédé de la tuberculose faute des soins les plus élémentaires. Un destin de quasi-esclave attendait notre jeune narrateur. Mais Balram décide d'y échapper et va devenir un riche entrepreneur. C'est cette histoire qu'il nous raconte, de son enfance à son succès. Il mêle à son récit des réflexions et analyses sur le fonctionnement de son pays dont il décortique les rouage
Il explique, par exemple, que le système de castes qui offrait à chacun une place, même basse, et une utilité dans la société, a disparu le 15 août 1947, jour du départ des Anglais. Et ce jour-là,  "les cages furent ouvertes. Les animaux s'entr'attaquèrent et se dépecèrent, et la loi de la jungle remplaça celle du zoo. Les plus féroces, les plus affamés, dévorèrent les autres et prirent du ventre. Désormais peu importait que vous fussiez une femme, un musulman ou un intouchable. Quiconque ayant un gros ventre pouvait s'élever."
Il compare l'Inde à une "cage à poules" dans laquelle "99,9% des Indiens sont emprisonnés" : "Ici, une poignée d'hommes a entraîné les 99,9% restants-forts,talentueux et intelligents dans tous les domaines- à vivre dans une servitude perpétuelle; une servitude si forte que, si vous mettez la clé de son émancipation dans la main de quelqu'un, il vous la jettera à la figure en vous maudissant"
Il décrit un pays dirigé à tous les niveaux, par des gens corrompus. Un pays qui ne laisse aucune chance à ses habitants. La quasi impossibilité pour qui naît pauvre de changer de statut. L'absence de tout espoir. Sa description de l'Inde fait froid dans le dos.


Le tigre blanc, d'Aravind Adiga, 10/18

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Commentaires
L
dans mes lectures d'été aussi, billet en attente, et bon petit plaisir également. le dernier ininglish sur la table de nuit.
C
je l'ai lu en V.O et j'ai beaucoup aimé
A
ce pays aussi m'attire mais je crois que je trouverai autant de choses qui m'émerveilleront, que de choses qui m'effraieront. Mais soyons réaliste, au pied de chez moi c'est déjà comme ça...
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