lectures de mars & avril #1
Olivier Adam a co-écrit le scénario de Welcome, avec Philippe Lioret. C'est en parlant au réalisateur du roman qu'il était en train d'écrire, À l'abri de rien, que le réalisateur a décidé de travailler avec l'écrivain sur les clandestins de Calais. Ils ont imaginé ensemble l'histoire de ce maître nageur en instance de divorce qui décide d'aider un jeune kurde à gagner l'Angleterre à la nage. Dans le roman d'Olivier Adam, tout est plus sombre, plus dur, plus réaliste que dans le film. L'héroïne est une femme, mariée et mère de deux enfants en profonde dépression. Elle aime ses enfants, d'un amour inconditionnel, mais sa souffrance est telle qu'elle devient incapable de s'en occuper, s'éloigne d'eux… C'est à ce moment de sa vie, par hasard, qu'elle rencontre une femme dévouée aux clandestins et qu'elle la rejoint. Elle leur consacre ses journées, ses nuits, le peu d'argent qu'elle possède. Elle les aide sans pouvoir s'arrêter, pour oublier, en prenant des risques insensés.
La description du quotidien de ces immigrés clandestins est terrible, révoltante. Certaines scènes sont à la limite du supportable. Paralllèlement, le portrait de cette femme qui sombre dans la folie, est tout autant bouleversant.
Les nouvelles de Passer l'hiver ne sont guère plus gaies, mais si fortes. Il y est question de vies tristes, sans espoir, de misère sociale, de douleurs enfouies, de solitude, d'enfance.
Des vents contraires, son tout dernier roman, raconte la vie d'un homme, Paul, dont la femme adorée, Sarah, a disparu du jour au lendemain. Il ne sait pas si elle est partie, morte… Il déménage, s'installe dans une maison au bord de la mer avec leurs deux enfants, Clément et Manon. Il est écrivain, mais ne parvient plus à écrire. Il aime passionnément ses enfants, tente de les protéger, de les préserver. Tous les trois sont dans le manque de Sarah. C'est dans l'évocation de cet amour qui unit le père et ses enfants qu'Olivier Adam est épatant. L'amour filial est le point commun de tous ses romans (et de la très belle nouvelle publiée à Noël dans Télérama). Revient à chaque fois une scène où un parent observe ses enfants endormis et en est bouleversé d'émotion. Il semble obsédé par la période de l'enfance et douloureusement conscient de sa fugacité. Il y a toujours beaucoup de mélancolie dans ses livres, mais pas que. De l'espoir aussi. Paul renoue des liens avec son frère, aide une jeune fille en rupture avec sa famille, une vieille dame douce en fin de vie, un homme qui perdu sa femme et son boulot… Il y a beaucoup d'amour et d'humanité mais c'est une société et une vie dure, injuste, âpre qu'il nous décrit.