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les tartines de sidonie (à paris et ailleurs)
21 décembre 2011

le coeur régulier

"C'est une nuit sans lune et c'est à peine si l'on distingue l'eau du ciel, les arbres des falaises, le sable des roches. Seules scintillent quelques lumières, de rares fenêtres allumées, une dizaine de lampadaires le long de la plage, deux autres aux abords du sanctuaire, le néon d'un bar, un distributeur de boissons, myriades de canettes multicolores sous l'éclairage cru. Plus grand nombre ne s'attarde à cette heure."

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Sarah est marié, mère de deux ados, a un bon job, une maison bourgeoise en banlieue parisienne. Depuis la mort de son frère jumeau, Nathan, elle ne se sent plus à sa place. Comme si elle faisait de la figuration dans une autre vie que la sienne. Son mari si "parfait" ne la connaît pas, ne la comprend pas. Ses enfants, devenus grands se sont éloignés d'elle. Et le monde de l'entreprise dans lequel elle travaille lui apparait dans toute son inhumanité et son absurdité. Elle prend un vol pour le Japon, le dernier endroit où son frère s'est senti heureux. Elle se réfugie dans le village, au bord des falaises, où lui même a passé plusieurs semaines. Là-bas, un ancien flic sauve les multiples candidats au suicide qui se jettent régulièrement dans le vide. Il les recueille chez lui, les garde le temps dont ils ont besoin pour repartir affronter la vie... Loin de sa vie parisienne, Sarah va réfléchir, revenir sur son enfance, son éducation, ses choix de vie, son rapport aux autres.La mort de Nathan va déclencher une puissante crise existentielle chez elle et tout remettre en question.

Comme tous les romans d'Olivier Adam, le style est simple, limpide, mais extrêmement évocateur. L'analyse psychologique de l'héroïne, Sarah, est d'une grande finesse. Il est question dans ce livre, des concessions que l'on fait à ses idéaux, des petites et grandes trahisons faites à soi-même. De la manière dont on peut se construire en opposition à quelque chose : à ses parents, son éducation et comment ces choix, souvent insconscients, conduisent dans les mauvaises directions. Ce livre, pour moi, a beaucoup fait écho à celui de Shaïne Cassim, Je ne suis pas Eugénie Grandet (L'école des Loisirs). Ces deux livres, radicalement différents,posent la question de l'identité, du courage d'être soi même, de s'affirmer, de s'affranchir du regard des autres, d'être et 'agir en accord avec soi. Sarah a étouffé sa vraie personnalité, ses envies pour endosser un costume qui n'est pas le sien, dans une vie qui ne lui correspond pas et la rend malheureuse. Le coeur régulier raconte cette douloureuse prise de conscience et rappelle qu'il n 'est jamais trop tard.

Le coeur régulier, d'Olivier Adam (éditions de l'Olivier), août 2010. Roman prêté par Sylvie D.

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Commentaires
T
J'aime beaucoup Olivier Adam, mais je me suis arrêtée au précédent.<br /> Il me tente bien.
C
Et en plus, il y a le Japon............
M
je suis en train de le lire !!!
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