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les tartines de sidonie (à paris et ailleurs)
23 novembre 2011

rien ne s'oppose à la nuit

"Ma mère était bleue, d'un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l'ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tâchées d'encre, au pli des phalanges. Ma mère était morte depuis plusieurs jours."

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Prêté par Raphaële la lecture de ce roman/récit constitue un vrai choc. La mère de Delphine de Vigan s'est suicidée à l'âge de 60 ans. L'auteur ressent le besoin, qui n'empêche pas la douleur, d'écrire sur elle. Elle questionne les frères et sœurs de Lucille, des amis proches, sa propre sœur Manon, interprète les silences, retrouve des photos, des lettres, écoute des cassettes…

La première partie du livre revient sur l'enfance parisienne de Lucile. Des parents fantasques et atypiques, un petit appartement rempli d'enfants, la difficulté pour chacun de trouver sa place dans une famille nombreuse, la grande beauté de Lucile, les photos de mode, le désintérêt pour l'école, une propension à la rêverie et à s'extraire du monde, les drames qui viennent frapper la famille, les problèmes d'argent, les vacances à la campagne… Une famille attachante, atypique et attirante. Mais loin d'être aussi parfaite et heureuse que les apparences le suggèrent. Et Lucile grandit, Lucile est enceinte (de l'auteur), Lucille se marie, Lucile a un deuxième enfant, Lucille se sépare, Lucile sombre dans la folie, Lucile boit et se drogue, Lucille est internée régulièrement, et reprend une vie normale avant de rechuter. Lucille a des amants, des amis. Un temps elle sera assistante sociale dévouée et exemplaire. Elle lit, se passionne pour l'art, écrit. Un jour, elle envoie une lettre à tous les membres de sa famille. Une lettre qui devrait faire l'effet d'une bombe mais suscite à peine un haussement de cils. Delphine de Vigan et sa sœur grandissent avec cette femme malade, "bipolaire", qui s'enfonce dans la souffrance, la folie, le désespoir. Delphine de Vigan exprime la douleur et l'insécurité de grandir avec une maman "malade", les dégâts sur l'enfant et la jeune fille qu'elle a été. Mais c'est sa volonté de comprendre cette femme blessée qui domine, ainsi que la compassion, la tendresse et l'amour. Elle alterne le récit de la vie de Lucile et les reflexions et questionnements sur sa propre démarche d'écriture : l'angoisse ne pas raconter la vérité, idée à laquelle il faut renconcer. Ou l'obligation de passer outre la peur des réactions des membres de la famille. Car il est beaucoup question de secrets familiaux et de non-dits dans ce livre.

Un très beau livre dont Lisa parle aussi ICI.


 

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Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan (JC Lattès).

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Commentaires
A
j ai adoré ce livre même s il remue beaucoup<br /> J étais entrain de le finir quand j ai lu ton résumé qui m a bien plu
N
Ce livre fait comprendre bien des choses je trouve.<br /> J'ai aimé le lire, petit à petit, à mon rythme.<br /> <br /> "Retour à Killybegs" me tente beaucoup.<br /> Merci pour en avoir parlé !
C
Moi aussi je le finis à l instant, très troublée, plus par le portrait de cette femme à laquelle on s'attache et à cette famille en proie à de nombreuses morts tragiques que par le style de l auteur.
M
Je viens de le finir .....<br /> Vous en faites une beau résumé, c'est exactement çà.<br /> J'ai tellement aimé ce livre, que je vais le relire dans quelques mois.
S
C'est mon livre de chevet en ce moment...
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