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les tartines de sidonie (à paris et ailleurs)
4 mai 2011

lectures japonaises # 3

"Je suis né le 14 janvier 1951. La première semaine du premier mois de la première année de la seconde moitié du XXe siècle. Cette date de naissance significative me valut d'être prénommé Hajime, ce qui signifie "commencement". Cela mis à part, aucun évènement notable n'accompagna ma venue au monde."

 

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 Après le choc de La ballade de l'impossible, j'ai eu envie, très vite, de me plonger dans un autre Murakami. J'ai choisi celui-ci après avoir lu les quelques lignes de la quatrième de couverture. Et pour le titre, aussi, énigmatique et très beau.

La première partie est agréable  à lire, mais assez anecdotique, presque superficielle… On suit les aventures amoureuses du jeune héros : son amour d'enfance pour Shimamoto-San, sa première petite amie, Izumi, sa passion sexuelle brève et intense avec la cousine de cette dernière. Et après des années de célibat et d'ennui professionnel, sa rencontre et son mariage avec la gentille et douce Yukiko. Et puis, un moment, cette première partie qui semblait un peu vaine prend tout son sens. Le déclic, c'est le retour de Shimamoto-San dans la vie bien réglée et heureuse du héros alors âgé de 37 ans. La petite fille qu'il a quitté à 12 ans est devenue une femme d'une grande beauté, riche et mystérieuse. Il ne sait rien d'elle. De ce qu'elle a fait des vingt dernières années , de ce qu'est sa vie aujourd'hui. Il sait juste qu'il est prêt à tout quitter pour elle : sa femme et ses deux filles adorées, son travail qui le passionne. Il est prêt à renoncer à sa vie pour le sourire de Shimamoto.
Ce roman aborde des thèmes passionnants : le fantasme d'un partenaire amoureux avec lequel tout partager, qui vous connaîtrait et vous comprendrait mieux que vous-même ; l'insatisfaction même quand le bonheur est là; la force du premier amour et ce besoin de revivre ces sentiments intenses ; le poids de l'enfance aussi (la vie sentimentale du héros est marqué par son désespoir d'avoir été un enfant unique). Les personnages féminins sont sublimes. Si Shimamoto-San est un peu irréelle (ce qui est aucunement un hasard puisqu'elle symbolise le fantasme du héros. Et elle existe dans le roman, davantage pour ce qu'elle représente, que pour ce qu'elle est), l'épouse Yukoko qui apparait d'abord assez insignifiante prend de l'épaisseur. Sa discrétion cache une grande intelligence humaine et une vraie générosité. Sa fragilité, drapée de dignité, est bouleversante. Et si Shimamoto-San devient de plus en en plus étrange, une sorte de fantôme insaisissable, Yukoko gagne en humanité.Ce roman, c'est le parcours d'un homme, en permanence insatisfait, qui vit depuis toujours avec le sentiment d'un manque. Un manque qu'il cherche sans cesse à combler. Jusqu'à ce que… Je tairai la fin qui m'a surprise et qui est d'une grande beauté.

Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, d'Haruki Murakami, 1992, 10/18.

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Commentaires
M
Je l'ai lu et tout comme toi je suis tombée sous le charme! Bonne lecture à celles et ceux qui grâce à toi vont découvrir ce roman.
N
je crois que je vais céder à cette tentation japonaise et même pas pour connaître la fin...
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