lectures japonaises #1
"J'ai été malade hier, pour mon anniversaire, alors que je n'avais pas eu le mal de mer pendant la traversée de la baie de Biscaye, ni même à Malte pendant cette tempête. C'est un peu bête d'avoir été malade sur une mer aussi petite que la mer Rouge, mais quand je suis montée au coucher du soleil sur le pont -pour échapper aux gémissements de mme Carswell- le second est venu s'accouder près de moi et m'a dit que je n'avais pas supporté les lames de fond de Somalie."
Les mois qui viennent vont être très japonais… On commence avec Une odeur de gingembre, prêté par Annie, la maman de mon mari (après neuf mois de mariage, je ne suis pas encore bien habitué à ce mot…),dont la lecture m'a transportée. L'héroïne et narratrice s'appelle Mary Mackenzie. C'est une toute jeune fille écossaise qui part épouser Richard, un attaché britannique en poste en Chine. On est en 1903. Le voyage en bateau est long et Mary écrit. À sa mère, à son journal intime. Ses premières lettres sont celles d'une demoiselle qui ne connait pas grand chose à la vie, même si transparaissent déjà une curiosité, une intelligence, une vivacité et une indépendance d'esprit. Les cent premières pages sont relativement ennuyeuses, à l'image de la vie de Mary. Et puis, d'un coup, tout s'emballe, sans que l'on ne sente rien venir et il est hors de question dès lors, de lâcher ce roman. On dévore les lettres de cette héroïne attachante. Ses amitiés, ses amours, les séparations, les déchirements… et toujours Mary se relève. On ne sait comment, elle non plus, mais elle continue à vivre malgré les drames qui auraient dévasté la plupart des femmes. On la suit de Pékin à Tokyo et c'est cette partie japonaise qui est la plus passionnante. On est bien au-delà de l'anecdotique. L'auteur nous donne à comprendre la culture et la pensée japonaise par le biais de Mary qui jamais ne juge, mais a cette faculté de comprendre, d'accepter les différences, même les plus cruelles dont elle sera la victime. Un roman qui s'ouvre sur la mer et qui se referme de la même manière. Entre les deux 40 années se sont écoulées. Une vie.
Quelques mots sur l'auteur que je ne connaissais pas. Oswald Wynd, anglais, est né à Tokyo en 1913 où il vécu jusqu'à 20 ans. Il a écrit de nombreux romans policiers sous divers pseudonymes" (dont Gavin Blake). Une odeur de gingembre, écrit en 1977, est l'unique roman qu'il signa de son vrai nom. Un roman très proche de sa vie…
Une odeur de gingembre, d'Oswald Wynd, Folio.