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les tartines de sidonie (à paris et ailleurs)
24 novembre 2010

sara forestier

Rendez-vous dans un élégant café du 6e arrondissement parisien. Sara Forestier commande un thé et un pain au chocolat. Elle est jolie, lumineuse, plus encore qu'à l'écran. Elle parle avec passion et intelligence du film, Le nom des gens, dont elle est partage l'affiche avec Jacques Gamblin. Et puis, après l'interview, elle reste, elle discute de choses et d'autres… pose plein de questions sur le journal pour lequel je travaille, sur les ados d'aujourd'hui et l'importance démesurée qu'ils accordent à l'apparence. Explique qu'elle se fout totalement de son look mais qu'elle fait quand même un effort pour les interviews. Qu'elle ne sait pas cuisiner mais que c'est pas grave car son amoureux lui mitonne des risottos.


*Comment avez-vous réagi à la lecture du scénario?

C'est le meilleur scénario que j'ai jamais lu. J'ai éclaté de rire toutes les deux pages. Il y a donc eu ces réactions directes et spontanées. Puis, quand j'ai eu fini, ce qui m'est apparu c'est que ce film parlait de plein de sujets sur la France d'aujourd'hui avec beaucoup de finesse.

*Parlez-nous de Baya…

C'est un personnage tellement plein de liberté… Elle est débordante et toujours généreuse. C'est un personnage qui donne envie. Elle a tout d'une héroïne moderne. Mais elle n'est pas parfaite et en cela elle est très humaine.Elle essaie de bien faire, mais elle est maladroite. En fait, elle donne envie par son côté héroïque et on peut s'identifier à elle grâce à ses imperfections.

*Baya se définit comme une"pute politique". C'est-à-dire?

C'est une idéaliste dans une époque qui ne l'est pas. Ce qui crée des anachronismes et des situations burlesques.Ce personnage c'est comme une bouffée d'oxygène. Elle utilise son corps comme une arme et elle fait la guerre en faisant l'amour…

*Elle a un rapport au corps très libéré. La nudité vous a t-elle posé problème?

Elle a un rapport au corps très complexe mais jamais provocateur. Il y a plusieurs "couches". D'abord, elle utilise son corps comme une arme de destruction massive contre les fachos. Il y a ensuite le traumatisme qu'elle a subi lorsqu'elle était enfant. Enfin, il y a sa maladresse qui fait qu'elle peut se retrouver nue dans la rue. Le conscient, l'inconscient, le subconscient interviennent dans son rapport au corps. Du coup, je ne jouais jamais quelqu'un de nu. Je jouais la maladresse, le côté lunaire, mais pas la nudité.

*Comment définiriez-vous ce film? Une comédie romantique? Un film politique? social? une comédie tout court?

Il ressemble beaucoup aux comédies de Woody Allen. Pour sa liberté de ton, son côté foisonnant, les névroses familiales et l'auto-dérision sur ces névroses. C'est un film très différent des comédies françaises souvent un peu sages. Là, il y a de la folie, du burlesque, de la démesure… Cela m'évoque aussi les comédies américaines avec Jim Carey, Will Farrell ou Ben Stiller où les situations sont poussées à l'extrême. J'adore! Je pense que quand on est dans la comédie, il faut y aller à fond.

*C'est aussi un film très émouvant…

C'est beau car on reconnait nos familles ou celles de nos amis. Le père de Baya, peintre en bâtiment, est aussi un artiste qui n'a jamais montré ses peintures. J'en ai connu des papas comme ça. Ils sont hyper touchants car toujours prêts à rendre service et ne voulant pas montrer qu'ils galèrent. Ils courbent l'échine. Le père de Baya a vécu la guerre d'Algérie, le racisme et elle, sa fille, culpabilise d'être privilégiée. C'est un sentiment très "vrai" et juste. Lorsque j'étais ado et que je sortais avec mes copains arabes, ils étaient régulièrement contrôlés, mais moi, on ne me demandait jamais mes papiers. Je me sentais très mal.

*L'un des thèmes du film est celui des non-dits et ses secrets familiaux qui sont dévastateurs…

Il y a des sujets que l'on n'aborde pas en famille. Dans celle d'Arthur Martin, c'est la Shoah et dans celle de Baya, la pédophilie et la guerre d'Algérie.

*Quels souvenirs gardez-vous du tournage? 

On a dû tourner très vite, en huit semaines, dans plein de lieux différents. Il y a eu de la rigolade, mais beaucoup d'urgence. La scène avec Lionel Jospin a été la plus drôle à tourner. Tout le monde était prévenu de sa venue, mais on sentait l'équipe technique complètement hallucinée! Et puis, on a tourné la scène chez le réalisateur et les loges, c'était les chambres de ses e nfants. La loge de Lionel Jospin était la chambre de la fille de Michel. Il était installé sur un lit rose entouré de dessins d'enfants!

*Partagez-vous l'idéalisme de Baya ?

Je suis dans une quête d'absolu. Cela passe par mon art. Mes films me ressemblent et racontent tous une partie de moi.

*Quand votre désir de jouer la comédie est-il né?

Depuis la maternelle, je joue la comédie. Dans la cour, chez moi, au centre aéré… Dès que j'en avais la possibilité je jouais. Mais sans avoir conscience que cela pouvait être un métier. Quand j'ai appris que l'on pouvait passer des castings, j'y suis allée. La première fois, j'avais 13 ans et j'accompagnais ma meilleure amie qui se présentait pour participer à une émission de télé. J'ai très vite eu des petits rôles jusqu'à L'esquive qui m'a fait connaître et m'a énormément appris.

*Et vos parents?

Je crois qu'ils savaient que c'était fait pour moi. J'étais par ailleurs une bonne élève : ils me faisaient confiance. À la fin de la Première j'ai décidé de m'offrir une année sabbatique. En janvier, L'esquive est sortie. L'année où  j'aurais dû reprendre le lycée et être en Terminale, j'ai reçu le César du Meilleur espoir féminin. En fait, j'ai eu un César à la place du bac!

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Commentaires
C
Comment je suis arrivée là, je ne sais plus ... Quel film extra !
S
j'ai vu un extrait, prometteur ;)
L
Merci pour ce partage ! J'aime beaucoup cette fille.
C
chouette ! pas de photo ?
S
Je l'aime bien aussi, et je trouve dans ton interview qu'elle s'exprime très bien, notamment pour raconter son film (ça donne envie de le voir, d'ailleurs... Et j'adore Jacques Gamblin!
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